kamishibaï - "Théâtre en papier "- est l’un des arts traditionnels du Japon. Il est né dans la période Yedo. Son origine vient d’un spectacle nommé " Utsushi-e", une sorte de lanterne magique où l’on peint les images sur des plaques de verre qui sont ensuite projetées sur un écran. Il y a un conteur et parfois des musiciens.
Le dernier maître d’Utsushi-é , Sen-you Ryo-fuku-tei, a cessé de faire ces spectacles d’Utsushi-é à la fin de l’ère Yedo (XVIIème siécle), parce qu’ils coûtaient cher et qu’ils rapportaient peu. Il faisait aussi le spectacle de Poupées (marionnettes) et se changea alors en « Maître de Poupées ».
L’artiste qui lui peignait les plaques de verre perdit ainsi son travail. On ne le connaît que sous le nom de Shin-San.
Shin-San commença alors à monter un spectacle avec ses propres images peintes. On raconte qu’il était un élève d’Enchô, un grand maître de Rakugo (art traditionnel des récits comiques). On dit même que Shin-San faisait la performance d’ouverture de Rakugo.
Ce fut la naissance du kamishibaï.
Shin-San a peint les personnages sur du papier double-face et le tenait avec un bâton. Selon les besoins de l’histoire, il tournait les dessins qui montraient des expressions différentes.
Son premier public l’a baptisé "kamishibaï"- Théâtre de papier.
Certains comédiens ont commencé à faire du kamishibaï pour les enfants lors de la fête du temple shintoïste. Mais comme il fallait demander une licence aux Yakuza (la mafia japonaise) et qu’il n’y en avait pas assez de fêtes pour bien gagner sa vie, ils sont donc partis travailler dans la rue et ont commencé à utiliser des vélos.
C’est le style le plus populaire et connu du kamishibaï de la période Sho-wa, le kamishibaï à vélo (début du XXème siècle). Avec la crise de 1929 et la recrudescence du chômage, le nombre de joueurs de kamishibaï a explosé. Puis il y a eu un grand tremblement de terre à Tokyo, et la guerre, et beaucoup de gens perdirent leur travail. Pour vivre, ils commencèrent eux aussi à faire du kamishibaï.
Comme il n’y avait pas de ticket d’entrée, ils vendaient des petits gâteaux et des bonbons.
Côté public, comme il n’y avait pas de télévision ni de cinéma, le kamishibaï était le seul loisir des enfants.
Des entreprises de kamishibaï louaient les vélos et produisaient les dessins, tandis que des peintres les réalisaient.
Avec l’arrivée et la généralisation de la télévision dans les ménages, le kamishibaï à beaucoup perdu de sa popularité.
Beaucoup d’artistes ont alors cessé de faire du kamishibaï, et changé de profession devenant dessinateurs de manga, écrivains, etc…
Pendant les deux guerres, le gouvernement japonais a obligé les artistes à créer des histoires de propagande. Voilà pourquoi, après la guerre, le kamishibaï était méprisé et les artistes profondément blessés. Pour se reconstruire, les écrivains, les peintres et les éditeurs ont commencé à créer un kamishibaï de paix pour nourrir le coeur des enfants. Ce kamishibaï, appelé "Kamishibaï pédagogique", est encore utilisé aujourd’hui dans le domaine de l’éducation.
Il existe beaucoup d’œuvres de kamishibaï dans les bibliothèques afin que que tout le monde puisse le jouer.
Le kamishibaï est un instrument servant à élever et soigner le sens de communication des enfants (kyokan) - et aussi des adultes ! Placé à côté des images, le narrateur fait l’intermédiaire entre le monde imaginaire et le monde réel. Et c’est ce partage qui fait tout le charme du kamishibaï.
Cette technique attire de plus en plus d’attention et est devenue internationale.
Référence :
« kamishibaï : l’histoire de l’époque Shôwa », Kôji Kata, 1971, Iwanami-Gendai-Bunko, Japon
(『紙芝居昭和史』加太こうじ、1971年、岩波現代文庫
International Kamishibai Association of Japan : https://www.kamishibai-ikaja.com/en/